L’émergence de l’empirisme de John Locke à la fin du dix-septième siècle semble annoncer une nouvelle manière, fondée sur l’expérience, de concevoir l’homme et ses connaissances. Une manière qui trouve sa concrétisation dans la fiction marivaudien au début du dix-huitième siècle. En renonçant à la déduction et à l’abstraction, Marivaux conçoit la fiction comme un lieu propice pour l’expression des expériences subjectives dans un contexte plus concret et plus proche du lecteur de l’époque, de sorte que ses écrits deviennent l’illustration de l’identité personnelle et de la théorie de la connaissance de John Locke. Une illustration qui semble faire de la fiction marivaudienne une « expérience de pensée ». Mais comment Marivaux conçoit-il cette expérience de pensée? Quel type de connaissance cette expérience fournit-elle? C’est à ces questions que cet article tente d’apporter des réponses en repérant les analogies entre la pensée de Locke et celle de Marivaux, en analysant la notion de l’identité personnelle et son illustration dans l’œuvre marivaudienne et en expliquant les mécanismes de l’expérience de pensée que propose la fiction marivaudienne et son impact sur le lecteur de l’époque.